Tumeurs rhabdoïdes
Les tumeurs rhabdoïdes sont des entités tumorales pédiatriques qui surviennent le plus souvent avant l’âge de 2 ans et qui sont extrêmement agressives avec une espérance de survie très limitée. Les tumeurs rhabdoïdes touchent particulièrement le cerveau et le rein mais peuvent se développer au niveau de n’importe quel site anatomique. Au niveau moléculaire, ces tumeurs sont caractérisées par une inactivation des deux copies du gène SMARCB1 dans plus de 95% des cas. L’aspect histologique des tumeurs rhabdoïdes est caractéristique et la perte d’expression de la protéine encodée par le gène SMARCB1 visible dans les cellules tumorales permet généralement de poser le diagnostic. Dans 30% des cas de tumeurs rhabdoïdes, l’une des 2 mutations du gène SMARCB1 de la tumeur est également présente au niveau constitutionnel. Cette mutation présente dans l’ensemble des cellules de l’organisme prédispose ainsi l’individu à développer des tumeurs rhabdoïdes dans la jeune enfance. La pénétrance est proche de 100% et seuls quelques rares cas d’individus adultes porteurs de mutations du gène SMARCB1 sans tumeur ont été décrits à ce jour. Le syndrome de prédisposition aux tumeurs rhabdoïdes ne s’accompagne généralement d’aucun signe associé. Un nombre très limité de cas de tumeurs rhabdoïdes dû à des mutations du gène SMARCA4 ont également été décrit.
Le syndrome de prédisposition aux tumeurs rhabdoïdes est causé par une mutation constitutionnelle dans l’une des deux copies du gène SMARCB1, situé sur le chromosome 22. Les mutations constitutionnelles du gène SMARCA4, situé sur le chromosome 19, pourrait prédisposer aux tumeurs rhabdoïdes SMARCA4-déficientes mais cela reste encore à démontrer devant l’extrême rareté des cas décrits. En revanche, il est maintenant admis que les mutations constitutionnelles du gène SMARCA4 prédisposent aux carcinomes de l’ovaire à petites cellules de type hypercalcémiant chez les femmes jeunes.
Le syndrome de prédisposition aux tumeurs rhabdoïdes est une maladie génétique à transmission autosomique dominante. Cela signifie que cette maladie génétique touche aussi bien les hommes que et les femmes et qu’un individu porteur d’une mutation du gène SMARCB1 aura 50% de risque de la transmettre à sa descendance. Cependant, la majorité des parents d’enfants porteurs de mutations de SMARCB1 sont indemnes car la mutation est survenue chez leur enfant. De même, la majorité des enfants avec un syndrome de prédisposition aux tumeurs rhabdoïdes ne transmettra jamais la mutation du gène SMARCB1 à leur descendance étant donné le risque proche de 100% de développer une tumeur rhabdoïde (pénétrance) et l’espérance de vie très faible de ces enfants en cas de tumeur. Le risque de mosaïcisme germinal existe néanmoins. Ce risque, défini par la présence chez l’un des deux parents d'une population de gamètes porteuse de la mutation du gène SMARCB1 transmise à leur enfant, est estimé entre 1 et 2%. Ainsi, en cas de mutation constitutionnelle de SMARCB1 chez un enfant atteint d’une tumeur rhabdoïde un diagnostic prénatal pourra être proposé même si la mutation n’est pas identifiée dans le sang des parents.
Le diagnostic de prédisposition aux tumeurs rhabdoïdes peut être posé après analyse du gène SMARCB1 effectuée à partir d’un prélèvement sanguin. En raison du caractère très agressif voire explosif des tumeurs rhabdoïdes et l’absence de thérapeutique réellement efficace, une surveillance par imagerie (IRM cérébrale et échographie abdominale tous les 6 mois pendant la jeune enfance) même rapprochée n’apporte qu’un avantage relatif.
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